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CONFITOU

le bruit des sabres et des éperons l’intéressaient fantastiquement. L’oncle Moritz, s’étant retourné, le vit et le prit par la main, le cousin Fritz lui prit une autre menotte, et ainsi, tous trois s’en furent par la ville, cependant que les autres les quittaient pour vaquer à leurs occupations.

Confitou ne risquait pas de se perdre. Quand il se sentit en famille, sa langue se délia. Il demanda des nouvelles de la tante Lisé et des parents restés là-bas. Est-ce que la tante Lisé allait encore, tous les jours, à cinq heures, malgré la guerre, dans la grande confiserie de Brühl, manger des kûchen ?

— Mais oui, bien sûr, tous les jours. Pourquoi les dames ne mangeraient-elles pas de gâteaux parce qu’il y a la guerre ?

— Ça, c’est vrai, fit Confitou. Je dis des bêtises. Moi aussi, je mangerais bien des kûchen, mais à Saint-Rémy ils ne savent pas bien les faire.

Au coin de l’avenue de la Forêt, ils s’arrêtèrent pour regarder passer le fleuve de soldats qui coulait vers Paris. Confitou ne disait plus rien ; il fixait en silence toute cette infanterie aux casques recouverts d’une housse de toile. Les hommes avançaient dans un nuage de