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CONFITOU
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comme celui de Confitou ! Raucoux-Desmares sentait bien que les songes ou les images qui agitaient ce sommeil là, reliaient trop cette femme aux cauchemars de la vie réelle pour qu’il fût bien difficile de l’y faire revenir… Qu’il respirât seulement un peu fort, et elle ouvrirait les yeux, et elle se jetterait dans ses bras…

Dans ses bras… Il s’immobilisa… Il pensa. Il pensa d’abord qu’il avait bien fait de lui dire de rester à la maison. Il ne voulait pas qu’elle fût exposée à souffrir quelque sournoise insolence de la part de « ces dames » ! Que n’eussent-elles point inventé pour elle quand, la semaine précédente, elles avaient rendu la vie si dure à une Française qui faisait apprendre l’allemand à ses enfants, que la pauvre dame avait juré qu’elle ne reviendrait plus jamais à Saint-Rémy ? Cependant celle-ci était fille d’officier français, et elle avait ses frères à l’armée française, mais on ne lui pardonnait pas sa « fraulein » rendue, du reste, immédiatement à l’Allemagne, ni la supériorité qu’elle avait sur « ces dames » de parler une langue étrangère…

Quel sort donc les attendait, sa femme allemande et lui ? songeait Raucoux-Desmares, en regardant dormir celle qu’il aimait depuis dix