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CONFITOU

comme tout le monde, — et comme son père.

Raucoux-Desmares écarte une mèche de cheveux sur le front de l’enfant, et se penche… se penche comme s’il allait l’embrasser ; mais il ne l’embrasse pas. Sans doute, au dernier moment, a-t-il eu peur de le réveiller…

Il s’en va, toujours avec les mêmes précautions. Le voilà maintenant dans la lingerie qui précède « la chambre de Madame ». Il ne va pas plus loin ; une femme est là, qui dort, la tête renversée sur le dossier d’un fauteuil d’osier, un ouvrage de coulure tombé de sa belle main pendante.

Alors, tout doucement, tout doucement, Raucoux-Desmares vint s’asseoir en face de ce sommeil doré par la première lumière du jour. C’était une belle femme, cette femme ; elle n’avait pas trente ans. C’était sa femme. C’était le seconde raison pour laquelle il estimait que, plus qu’aucun autre, il devait son sang à la France. C’était une Allemande…

Une Allemande ! Il l’adorait…

Cette pensée extraordinaire, inouïe, qu’il adorait, en ce moment, une Allemande, le fit soupirer comme un enfant. Elle eut un mouvement et, elle aussi, soupira…

Ah ! ce sommeil n’était point profond