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CONFITOU
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je disais au curé qui regrettait qu’autrefois on les eût trop bien reçus. « Faut pas regretter ça, m’sieur le curé, au contraire ! Cette occasion-là, c’est pain bénit ! Puisqu’ils étaient amis avant la guerre, m’sieur Raucoux-Desmares saura nous tirer d’affaire ! Au lieu de ça, voilà maintenant que vous ne voulez même plus le voir ! Il s’installe chez vous ; vous venez vous installer ici !…

Vous leur tournez le dos à tous !… Ils ont déjeuné chez vous ; il n’y avait personne pour les recevoir. J’ai su, par la Génie Boulard, que Mme Raucoux-Desmares s’était enfermée dans sa chambre, en se disant malade. Eh bien ! permettez-moi de vous le dire… tout ça, c’est pas dans l’intérêt de la ville !… Dans l’intérêt de la ville, faut pas buter ces gens-là !… Et vous les butez, monsieur Raucoux-Desmares. Je sais qu’ils ne sont pas contents de vous ! Et nous, nous ne comptions que sur vous !… Jusqu’alors ils n’ont pas été trop méchants ; ils sont durs dans leurs réquisitions, mais il fallait s’y attendre ; seulement, savez-vous ce qu’on est venu me raconter tout à l’heure ! Qu’il serait question d’imposer la ville d’une amende de deux cent mille francs, sous prétexte que ce seraient des civils qui auraient