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CONFITOU
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Français allaient faire sauter le pont ; et il avait bondi de son lit, réclamant que la Génie Boulard l’accompagnât jusque chez les Lançon qui habitaient le coin du quai « où l’on serait très bien pour voir ». Sa mère l’avait grondé et il avait dû se recoucher. Il avait attendu l’explosion longtemps. Et il s’était endormi. Le lendemain, en l’habillant, la Génie lui avait appris que le pont avait sauté vers les cinq heures.

— Malgré que c’est loin, on a très bien entendu, expliqua-t-elle. Ça a fait baooum ! et toutes les vitres de la maison ont tremblé.

Et pendant ce temps-là, Confitou dormait ! Il ne s’était même pas réveillé ! Avoir raté une occasion pareille qui ne se retrouve peut-être pas deux fois dans l’existence d’un homme ! Voir sauter un pont ! Son premier galop, après qu’il fût sorti de la maison par le soupirail de la cave, l’avait conduit devant les débris des deux arches. Il trouva qu’on aurait pu mieux faire. Il en restait trop à son avis. « La poudre devait être mouillée », pensa-t-il. Et il rôda dans Saint-Rémy désert. Finalement il était revenu sur la place des Marronniers où il avait trouvé Gustave et quelques gamins qui attendaient les événements avec curiosité.