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CONFITOU
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— Ah ! les cochons ! dit un soldat. N’importe ! à Guise, on les a eus !…

— Oui, oui, s’écrièrent les autres… à Guise, on les a bien eus !… Ils ont reçu un rude coup de torchon sur la gueule ! Alors pourquoi qu’on recule toujours ?…

— Oui, oui, pourquoi qu’on recule ? on les bat tous les jours et on recule tous les jours !

— Si c’est pas un malheur ! reprit le sergent, et l’homme, d’un mouvement désolé de la main, montrait, là-bas, la route qui commençait à se couvrir de convois militaires glissant vers le sud…

À ce moment accoururent, tout effarés, deux hommes qui se jetèrent dans le groupe avec des gestes de fous.

— Ah ! bien ! Ah ! bien ! nous voilà propres !…

Tous les entourèrent…

— Quoi qu’y n’ia ? quoi qu’y n’ia ?…

— Eh ben ! Nous sommes allés à Saint-Rémy, nous avons lu l’affiche du maire ! N’y a plus de gouvernement. Y a la révolution à Paris. Les Boches sont à Compiègne !

Un silence tragique accueillit ces paroles. Depuis des jours et des jours qu’ils se battaient, c’étaient les premières nouvelles qu’ils recevaient de l’arrière…