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CONFITOU

monde s’empressait à s’entasser dans la grande cuisine et l’on commençait à faire honneur au diner qui cuisait, depuis cinq heures du matin, au fond de l’âtre, dans de vastes marmites.

Il y avait une marmite de bouillie pour les enfants, qui étaient venus nombreux, eux aussi. Quelle bouillie ! Elle faisait oublier à Confitou les confitures. C’était une bouillie dans laquelle on avait mis à cuire des raisins secs. Confitou s’en fourrait jusqu’à éclater. Le soir, il revenait malade, mais sa mère en riait. Seulement, elle lui disait :

— Si tante Lisé te voyait, elle serait jalouse ! Hélas ! cette année, il n’y aurait point de fête de la mécanique chez Marie-Jeanne, ni de bouillie pour Confitou. La fermière était partie précipitamment avec ses deux garçons, abandonnant ses deux vaches et son blé. Nulle voix ne répondit à la voix de Confitou.

— Malheur ! dit-il ; notre dîner est fichu ! Marie-Jeanne s’est enfuie comme tout le monde !…

Il n’avait qu’à pousser les portes, mais il ne trouvait personne derrière elles. Les petits réfugiés suivaient en se tenant tous les quatre par la main. L’espoir qui avait un instant éclairé