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CONFITOU

douleur pour qu’ils n’eussent pas été consciencieusement administrés.

En tout cas, ce ne fut pas un sentiment de pitié qui arrêta Confitou au bord de la route devant un groupe de quatre petits êtres qui pleuraient et qui paraissaient abandonnés.

Ce fut la vue d’une blessure à une main, à une petite menotte d’enfant qui saignait.

Il se rappela qu’il était le fils d’un chirurgien célèbre, et il sentit d’une façon impérative que son devoir était de soigner cette plaie-là…

Si les enfants de chirurgiens célèbres ne soignent pas les blessures des enfants qu’ils rencontrent sur la route, surtout en temps de guerre, où les autres médecins sont si occupés sur les champs de bataille, qui donc les soignera jamais ? Il pensa à Gustave qui était si fier d’être garçon de café avant l’âge, et il regretta que celui-ci ne fût pas présent à la consultation…

Il s’avança sans précipitation aucune, se pencha légèrement pour mieux voir comme s’il était un peu myope, et dit :

— Montre-moi ta main !

Il ne pouvait y avoir aucune hésitation chez la patiente. Celle-ci, qui avait six ans, comprit tout de suite au ton et à l’air de son inter-