Page:Leroux - Confitou.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

144
CONFITOU

Jamais encore Confitou n’avait vu une chose pareille. Cela ne ressemblait en rien aux quelques tristes cortèges qu’il avait aperçus déjà traversant la ville. À certaines phrases entendues au passage, l’enfant sut que le bruit s’était répandu à la première heure que l’armée de von Kluck avait tourné l’aile gauche française. Confitou ne devait pas être le premier venu en stratégie, car il dit tout haut :

— Alors, je comprends tout !

Mais comme il n’avait pas peur de von Kluck, il continua sa route, remontant le courant et bousculant sans aucune gêne tout ce qui pouvait l’arrêter ou le retarder. Deux fois, il demanda :

— Est-ce que la bataille est encore loin ?

Un vieux lui répondit :

— Ma foi non, mon p’tit, elle est tout près.

Cela l’encourageait. Cela lui donnait des jambes.

De temps à autre, quand il se trouvait au sommet d’une côte, il grimpait sur le talus, se haussait sur la pointe des pieds et regardait de tous ses yeux, loin devant lui. N’allait-il pas enfin apercevoir des soldats, des canons, tout au moins la fumée de la bataille ?