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CONFITOU
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tou quand il l’entendait parler allemand avec sa fraulein et, une fois, depuis la guerre, naturellement, il l’avait traité de Boche, ce dont Confitou ne s’était vanté à personne. Confitou ressentait profondément cette injure, car il voyait bien que pour un petit Français, « il n’y avait pas moyen » de trouver quelque chose de plus insultant à dire à son camarade. Vraiment, les petits Français, depuis la guerre ne faisaient rien pour développer chez Confitou l’amour de la France.

Si l’on songe qu’avant la guerre Confitou préférait de beaucoup les confitures de la tante Lisé à celles de n’importe quel grand épicier français, on pourra peut-être pénétrer un petit coin de cette jeune âme obscure. En réalité, l’enfant était en guerre avec tous les moutards de Saint-Rémy, qui formaient contre lui un clan français. Aussi, quand nous le voyons prêt à se précipiter sur Adolphe, parce que Gustave l’a traité de « Boche », ne nous hâtons pas d’en déduire que son irritation prend sa source dans le sentiment de l’injustice avec laquelle on apprécie son patriotisme. Les Allemands aussi sont furieux quand on les traite de Boches.

Confitou souffrait-il en sa qualité de petit