Page:Leroux - Confitou.djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

138
CONFITOU

nigsberg n’entendait-il pas dire, avec enthousiasme par sa famille allemande, que la ville payait encore l’impôt exceptionnel nécessité par la contribution de guerre dont Napoléon, en passant, l’avait frappée ?

Aussi, Confitou était-il personnellement fier de Napoléon, mais il aimait particulièrement aussi ce gros Prussien de Guillaume, père de Frédéric le Grand, qui faisait peur à tout le monde et qui avait des soldats grands comme des tours, des régiments entiers de géants ! Et c’est pourquoi Confitou avait rapporté en France de grands et beaux soldats de bois qui ressemblaient à ces géants-là.

— C’est ma garde impériale, disait-il.

De telle sorte que, de temps en temps, Confitou se croyait empereur des Français, et de temps en temps roi de Prusse ; il n’était jamais bien fixé.

Il n’était sûr que d’une chose, c’est que son père, avant la guerre n’aimait point les histoires de militaires. Plus d’une fois Raucoux-Desmares s’était expliqué nettement là-dessus devant la mère et le fils. Il estimait que c’était une erreur à fausser l’esprit des enfants que de leur mettre entre les mains des livres où ils n’apprenaient l’histoire de l’Humanité que