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CONFITOU
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sur la France. La frontière recule. La France recule ; la France se meurt !…

— Oh ! mon Dieu ! fit-elle.

— La France mourra si nous ne mourons pour elle…

— Qu’elle prenne ma vie ! soupira la malheureuse, je la lui donne…

— Une mère n’a rien donné à la France quand elle ne lui a pas donné la vie de son fils. Vous mourrez après, Valentine !

Il lui parla encore sur ce ton pendant quelques minutes. Maintenant elle le laissait dire. Il dégageait une force morale irrésistible. Elle finit de se laisser opérer de son fils comme sous l’influence du chloroforme. Il sut qu’il pouvait desserrer l’étreinte de ses mains. Le sacrifice était consommé. Elle dit :

— C’est bien !… je vais lui dire qu’il fasse ce que sa conscience lui commande… Voulez-vous le voir !

— Certes ! fit-il, je veux l’embrasser.

Elle se leva, alla à la porte, appela ;

— Louis !…

Il entra. Il était presque aussi pâle que sa mère. Le professeur fut frappé de cette mine à laquelle il ne s’attendait pas. Le fils de Mme Lavallette ne l’avait jamais beaucoup