Page:Leroux - Confitou.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

128
CONFITOU

de son père qui était bien la tristesse en personne… Je me disais : il est comme ça ! tant pis ! prenons-le comme il est, pourvu qu’il se porte bien !… Oui, mais maintenant voilà qu’il veut aller se faire tuer ! ça, je ne peux pas ! je viens vous crier : « Au secours ! »

Raucoux-Desmares lui prit ses petites mains dans ses grandes longues pattes solides qui avaient fait tant de chefs-d’œuvre avec la douleur humaine, et que les opérés serraient avec tant d’effusion après la bienfaisante torture, et il lui dit :

— Mon enfant, vous savez si j’aime Confitou ?…

— Oui, eh bien ?…

— Eh bien ! je voudrais que Confitou eût seize ans et la santé de votre fils pour le donner à la patrie ; ce serait la plus grande joie de ma vie…

— Vous n’êtes pas une mère ! s’écria-t-elle…

Elle voulait lui échapper maintenant, mais il la tenait entre ses mains qui avaient dompté bien d’autres soubresauts, bien d’autre révoltes de la chair. Il lui dit :

— Écoutez ! écoutez !… depuis vingt-quatre heures, nous n’avons pas cessé d’entendre le canon… et le bruit se rapproche. Il descend