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CONFITOU

et de son orgueil outragés, repoussé avec une indignation vengeresse un doute aussi insultant chez l’homme qu’elle avait honoré de son culte ; il n’en fut pas ainsi pour Freda. Elle ne fut commandée ni même influencée par aucun autre sentiment que celui de son amour. Et son amour lui montrait l’être qu’elle chérissait plus que sa vie en proie à la plus sombre crise de désespoir qu’elle pût imaginer. Elle ne vit que lui et le cadavre de Méringot. Elle se dit que si elle n’arrivait pas à persuader son Pierre sur-le-champ que « cette horrible chose » n’avait jamais existé chez eux, et qu’il n’en avait pas été même effleuré par elle, il allait se tuer comme l’autre…

Alors ce fut elle qui tomba à ses pieds, qui enferma les genoux de l’homme dans ses bras tremblants ; et elle lui cria :

Tu peux vivre, Pierre, tu peux vivre, Pierre !… je te jure sur la tête de notre enfant que jamais… jamais… jamais !… Ah ! mon pauvre chéri… je ne t’en veux pas de ce que tu m’aies demandé celà !… Ce que tu as dû souffrir !…

Il la releva, sans lui répondre ; mais elle sentait bien qu’il revenait à la vie. Elle pleurait, elle l’embrassait, elle l’étreignait…

Il lui dit, les lèvres tremblantes :