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CONFITOU

On ne pouvait rêver de plus honnête amitié. Autrefois, quand elle était jeune fille, elle l’avait un peu taquiné, mais c’était au temps où il ne s’intéressait vraiment qu’à son bistouri et à ses cornues.

Un peu plus tard, Valentine s’était laissée marier par sa famille au receveur de l’enregistrement, un monsieur très bien, toujours habillé d’une grande redingote noire, et qui était certainement le modèle des fonctionnaires. Il y avait plus de quinze ans de cela. Dès l’année suivante, il y eut un petit Lavallette que sa mère adora mais que le père mit de bonne heure au collège « pour en faire un petit homme ». M. Lavallette eût été certainement le modèle des maris s’il n’avait joui d’une humeur aussi sévère que la coupe de ses vêtements. Il ne riait jamais. Le pire fut pour le ménage que cette inclination à la tristesse de M. Lavallette ne modifia en rien l’heureux caractère de sa délicieuse moitié. Au contraire, plus il montrait un visage néfaste, plus elle affichait de gaieté. Ce n’était point de la méchanceté chez Valentine, C’était un parti-pris de réaction. Elle ne voulait pas, comme elle disait : « se laisser entraîner dans le noir ». M. Lavallette, lui, s’y laissa bientôt tomber