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CONFITOU
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triser un peu, la calmer si possible ; il avait besoin de calme pour rappeler ses souvenirs, tâcher à remonter aux moindres détails du voyage à Kœnigsberg, la première fois qu’il avait aperçu la jolie Dresdoise entre Mme la Prorectrice et Mme la Doctoresse de la bibliothèque.

Il faisait appel à son sang-froid pour procéder lui-même à une perquisition minutieuse dans les petits coins obscurs de sa mémoire. Au fond, qu’allait-il chercher ?… Ne devait-il point repousser comme une imagination vulgaire, l’idée d’un complot qui aurait eu pour but le mariage d’un illustre savant français avec une belle Allemande ! Pouvait-il douter que sa femme l’eût aimé passionnément ?… Allait-il lui faire cette injure de penser qu’elle l’avait aimé par ordre ! car elle l’aimait… Là n’était pas la question !… Mais cet amour avait-il été dans le plan des autres ? Ah ! douleur !… Maintenant il ne savait plus !… il ne savait plus ! il ne savait plus rien depuis le suicide de Méringot ! Et puis, et puis il y avait encore ceci, c’est que, même si son mariage n’avait pas été préparé par les autres, il n’en frémissait pas moins à la pensée que, l’affaire conclue, les autres avaient pu s’en servir !…