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CONFITOU

— Mais quelle affaire ?

— On ne doit pas en parler… mais entre nous… et puis ça sera su partout avant quarante-huit heures… Vous savez bien qu’il avait marié sa fille l’année dernière à un ingénieur des poudres ?

— Oui, à un garçon très distingué… j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec lui… il m’a frappé par sa vive intelligence et son activité…

— Parfaitement ! Eh bien ! c’était un espion ! un Boche naturalisé qui trahissait ! On l’a fusillé hier, et moi, j’ai dû apprendre ça aujourd’hui, à Méringot, pendant qu’on perquisitionnait chez lui !… Sa fille, qui est dans le Midi, ne sait encore rien. Ah ! quelle scène ! Je l’avais pris dans mes bras ! Je lui demandais pardon de tout le mal qu’on avait pu se faire ! Je lui disais de venir habiter chez moi, que je serais honoré de l’avoir sous mon toit, et qu’on savait bien que c’était un brave homme… C’était comme si je chantais ! Il ne m’entendait seulement pas. Il entra dans sa chambre pour y chercher un mouchoir. On y entra derrière lui, mais il avait ouvert tout à coup le tiroir de la table de nuit, pris son revolver et il s’en tirait un coup dans la bouche avant seulement