il avait eu tort de donner l’éveil à la sœur des Vautrin ; mais pouvait-il se douter que celle-ci connaissait la valeur de l’objet qui avait brusquement attiré son regard ? Non ! il n’était point admissible qu’elle en eût même le soupçon ; sans quoi eût-elle été assez stupide pour repriser ces chaussettes accusatrices, quasi en public ?
Alors pourquoi s’était-elle levée avec cet empressement ? pourquoi ce geste qui éloignait de Patrice la petite bannette à ouvrage ? pourquoi Zoé était-elle si pâle ? Enfin, une autre question, formidable celle-là, se posait, s’imposait : Pourquoi les chaussettes de l’Homme qui marche la tête en bas se trouvaient-elles chez Coriolis ?…
Toutes ces questions qui restaient sans réponse ne donnaient que plus de prix encore à la possession du fameux « surjet » et, bousculant Zoé, Patrice allongea encore la main du côté de la bannette. Mais la jeune fille, leste comme un singe, se trouvait déjà de l’autre côté de la table, la petite corbeille dans les mains.
— Zoé, qu’avez-vous ? Pourquoi ne voulez-vous pas me laisser regarder votre ouvrage ? interrogea Patrice, la voix haletante, essayant en vain de dompter l’émotion qui le possédait…
— Mon ouvrage, c’est mon ouvrage, fit l’autre, les lèvres pincées et méchantes… ; je n’aime pas qu’on touche à mon ouvrage. Après, je ne m’y reconnais plus et Mademoiselle me gronde…
— Qu’est-ce qu’il y a donc ? demanda Gertrude qui abandonna sa batterie de cuisine pour assister à une querelle qu’elle ne comprenait pas.
— Il y a, fit Patrice (d’un ton si menaçant que la cuisinière, qui avait d’abord cru à un jeu, en resta toute