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BALAOO

Un matin, Balaoo se réveilla de son assoupissement et vit Zoé et Gertrude à ses côtés. Il n’en marqua aucune colère, ni la moindre humeur. Bien mieux, il se laissa tendrement embrasser par Gertrude, et il demanda pardon à Zoé de toute la peine qu’il n’avait, depuis qu’il la connaissait, cessé de lui causer. Sa voix était douce, il se laissait soigner et dorloter. Il était faible comme un enfant qui va mourir. Coriolis, qui le soutenait derrière lui, bien qu’il fût aussi faible que lui, se risqua à user du mot-remède que la petite Zoé, avec son cœur et son intelligence, avait apporté toute seule.

Coriolis se pencha et glissa les deux syllabes à l’oreille de Balaoo :

Bandang !

Aussitôt l’œil de Balaoo s’alluma, son torse se redressa, sa poitrine respira fortement et il répéta :

— Bandang !…

Alors Zoé dit :

— Veux-tu, Balaoo, veux-tu retourner dans la forêt de Bandang ?…

— Oh ! fit Balaoo, avec un soupir effrayant… Oh ! que je voudrais la revoir, avant de mourir !…

— Eh bien ! nous t’y conduirons !… nous irons tous ensemble, Balaoo !…

Balaoo posa sur ses lèvres ses énormes poings tremblants, comme lorsqu’il avait dessein de retenir l’expression trop bruyante de sa joie ou de sa douleur.

— Partons !… fit-il !… Oh ! partons !… loin des maisons d’hommes !… Retournons dans ma forêt de Bandang !

Il n’y avait pas à hésiter. C’était le salut, non seulement pour Balaoo, mais encore pour eux tous, pour Coriolis surtout, car Zoé était revenue de Clermont avec les