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BALAOO

Ah ! dans les tournois, y eut-il jamais un chevalier plus redoutable ? frappant d’estoc et de taille et de ses doigts de mains de souliers !… Balaoo !… Balaoo !… frappe ! abats ! voilà pour Siméon !… et puis pour Élie !… Quant à Hubert, il faut lui réserver ton coup le plus rude.

Ils ont tourné autour de toi avec leurs fusils vides qu’ils agitent maintenant comme des massues ; mais toi, tu as ta bonne massue d’arbre et tu leur en as fait voir de toutes les couleurs ! de la couleur rouge surtout !

Ah ! que de sang sur les bras et sur les joues !… Hop ! Hop ! Balaoo ! Elle n’a eu qu’à prononcer ton nom et tu es venu ! Tourooo ! Tourooo ! Pan ! encore un bon coup dans les reins de cet Élie qui ne s’en relèvera plus et qui se traîne sur l’herbe comme un lièvre aux pattes brisées !

Et ils ont le front fendu tout de même, et ça coule, le sang. Mais ce sont de solides gaillards qu’un coup d’arbre sur le front ne démolit pas du premier coup ! Il faut y revenir à plusieurs fois ! Ils sont durs comme de la chair et de l’os d’anthropopithèque ! Woop ! phch ! phch !… un coup par-ci, un coup par-là !…

Les guerriers sont comme ivres et dansent autour de Balaoo comme des ours ; c’est toi, Balaoo, qui les fais danser ainsi, comme un bohémien son ours. Gock ! Gock !… L’enfer de Patti Palang-Kaing vous attend !

Ouf ! Ils ne respirent plus !… Ils ne gémissent plus !… Ils ne bougent plus !…

Ils sont morts tous les trois, les bras en croix, sur l’herbe rouge. Mais toi, tu es bien mal arrangé aussi, mon pauvre Balaoo !…

Mais il s’agit bien de te soigner à cette heure où le blanc lys de la carrière de Moabit s’affaisse après avoir vu ta victoire, tout doucement sur la terre, épuisé.