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BALAOO

le coup. Il se sentait le cœur bouillonnant, des flammes au cerveau et tout tremblant de l’impatience de son rapt.

À l’hôtel, il entra carrément derrière eux, mais continua, attentif, son chemin dans la cour. Une fenêtre s’éclairait, et il y vit l’ombre de Madeleine. Dix minutes plus tard, Madeleine était dans ses bras ; son poing étouffait la bouche hurlante et il la jetait à demi morte dans une carriole sur le siège de laquelle il bondit.

Il s’arrêta, quand la bête, expirante, s’abattit dans les brancards.

Il avait fait un long chemin sur la route de Paris, remontant du côté opposé au pays de Cerdogne ; et ceci devait dépister, quelques heures plus tard, Patrice d’abord, Coriolis, accouru ensuite.

Enfin, les événements déclanchés par Gabriel achevèrent, par leur coïncidence, de donner la tranquillité au ravisseur qui s’acheminait à petites et prudentes étapes vers la carrière de Moabit.

Il ne disait pas un mot à Madeleine, mais il la forçait à boire et à manger par la terreur.

Madeleine espéra un instant que les recherches dont elle devait être l’objet actif et désespéré aboutiraient avant que le misérable ne l’eût enfermée pour toujours dans quelqu’une de ces affreuses carrières de Moabit dont on prenait le chemin. Elle en connaissait la terrible légende, toute peuplée de fantômes, de cadavres, tapissée de squelettes et de trésors.

Mais la forêt se referma sur eux avant que le secours fût venu, et ils arrivèrent à Moabit.

Les deux frères accueillirent en silence l’albinos et sa proie toute blanche. Élie leur dit :