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BALAOO

la forêt. Tout se taisait sur leur passage. Les oiseaux suspendaient leurs chants, et les feuillages cessaient de frémir de joie dans le vent du matin. Le doigt sur la bouche de Balaoo semblait commander le silence à la nature entière, pour qu’elle laissât reposer celle vers qui ils marchaient.

Était-elle morte ?

Était-elle vivante ?

Reposait-elle pour l’éternité ?

Ils arrivèrent au Grand Hêtre de Pierrefeu.

Balaoo montra à Coriolis l’étage supérieur des feuilles et le chemin qu’il fallait prendre.

Ils montèrent dans l’arbre.

Cet arbre était grand comme un petit bois qui eût entouré la demeure particulière de Balaoo.

Et on arriva à la demeure particulière, à la Hutte bâtie dans le style de la forêt de Bandang, et que Coriolis (qui se rappelait les huttes élevées par les anthropopithèques sur les mangliers des marécages) ne s’étonna point du tout de trouver là.

Seulement, à cette hutte, il y avait une porte comme chez les hommes.

Il poussa la porte, cependant que Balaoo, de plus en plus triste et de plus en plus poli comme un quelconque homme qui prie un étranger de franchir le seuil de sa demeure, se tenait modestement derrière lui.

Coriolis poussa la porte et il se trouva devant Madeleine étendue sur un lit de feuilles sèches et recouverte décemment d’une couverture qu’il se rappela lui avoir été dérobée jadis dans son cabriolet.

Madeleine était pâle comme une morte, mais elle n’était pas morte.

Au bruit que fit son père en entrant, elle ouvrit les yeux.