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gardait la première, et vice-versa. Ainsi s’expliquait encore que Gabriel eût pu, pendant des jours et des nuits, courir les toits de la capitale et épouvanter la ville de ses sinistres exploits sans que son absence fût signalée à la ménagerie du Muséum…

Mais alors, que devenait en tout ceci le fameux anthropopithèque, le monstre, mi-homme, mi-bête, qui parlait le langage des hommes ?

Que devenait l’invention de Coriolis ?

On était trop heureux à la Préfecture d’être débarrassé d’un monstre pour s’embarrasser d’un autre ! On déclara, sans plus tarder, que l’invention de Coriolis était une imagination de ce cerveau malade… on traita le professeur comme un monomane… et on le pria de retourner enfermer sa monomanie dans son hôtel de la rue de Jussieu, tout en restant à la disposition de la justice.

La journée qui vit la délivrance de Paris, vit aussi celle des jeunes filles collectionnées.

Toutes celles qui avaient été volées par le chimpanzé furent retrouvées par le plus grand des hasards, et au moment où on désespérait de savoir jamais ce que Gabriel avait pu en faire.

Elles furent toutes retrouvées saines et sauves dans une salle du Musée de la marine, où leur étrange ravisseur les avait enfermées après les y avoir amenées par les toits. C’est à la curiosité scientifique et navale d’un M. Benezecque, percepteur dans une petite commune des environs de Montauban, que ces jeunes filles doivent la vie, car, au fond de ce grenier lointain, elles seraient toutes mortes de faim et de soif, si, poussé par le désir de voir des bateaux, M. Benezecque n’était monté dans les combles de notre vieux illustre palais où des coups sourds l’avaient averti