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BALAOO

dans les arbres, c’était de couper tous les arbres ! Les familles des jeunes filles disparues étaient interviewées par tous les journaux et soigneusement photographiées jusqu’au quatrième degré. La Ville Lumière perdait la tête.

Mais l’incroyable scandale éclata véritablement sur la cité en épouvante, avec la fameuse manchette de dernière heure du premier journal d’information du monde : L’Époque. La voici dans toute son horreur :

PARIS EN PROIE AU MINOTAURE.

On connaît le monstre. C’est une bête à cerveau humain. L’anthropopithèque qui parle. Formidable invention du professeur Coriolis Boussac Saint-Aubin.

Et voici l’article qui fut reproduit par tous les journaux du monde :

« Il n’y a point de mystère pour l’Époque.

« Cette fois encore, à cette heure critique, l’Époque a réussi à pénétrer le secret de la personnalité étrange et redoutable du voleur de jeunes filles. Déjà nous pouvons dire aux mères : Rassurez-vous ! car, instruits par l’Époque de l’ennemi qu’il faut vaincre, les pouvoirs publics sauront bientôt nous débarrasser de cette épouvante.

« C’est en étudiant pas à pas les apparitions fantastiques de celui que l’on a pris pour un clown frappé de folie, que nous avons pu circonscrire peu à peu l’espace dans lequel le monstre évoluait à l’ordinaire.

« Nous fûmes ainsi conduits au quartier Latin, et de là rue de Jussieu, où nous avons frappé à l’hôtel désert de son maître, un homme dont le nom retentira à travers les siècles : M. Coriolis Boussac Saint-Aubin.