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CHAPITRE V

drames publics et tragédies privées. — la grande presse s’affole.


Voici dans quelles circonstances mémorables le malheur privé de la famille Saint-Aubin prit les proportions d’une catastrophe publique.

Il faut d’abord citer deux petites notes qui parurent, l’une dans la Patrie en danger, et l’autre dans l’Observateur impartial. Elles avaient passé quasi inaperçues. Ce n’est que plus tard que l’on s’imagina de les rattacher aux événements extraordinaires qui vinrent bouleverser l’existence de la Cité. La Patrie en danger racontait dans ses « Faits-Paris » : « L’audace des étrangers ne connaît plus de limites. Ils traitent Paris en ville conquise. C’est un fait que chacun de nous peut observer. Au théâtre, il leur faut les meilleures places et la terrasse des cafés leur appartient. Hier soir, deux étudiants roumains qui venaient de s’arrêter devant la Brasserie Amédée, rue des Écoles, ont tué froidement à coups de revolver[1] un petit chien qui les gênait pour s’asseoir. Poursuivis par la foule indignée, ils n’ont eu que le temps de grimper à

  1. Malgré tout le soin que la presse met en général à ne dire que la vérité, il lui arrive d’être trompée comme tout le monde et sans qu’il y ait de la faute de personne. C’est une loi inéluctable de l’amplification des nouvelles.