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BALAOO

tez !… Il va revenir… et il tuera !… Il tuera tout avec sa main terrible !…

— Non, fit Madeleine, en s’asseyant au chevet de Zoé, il ne tuera pas, parce que je resterai et que je lui parlerai.

Mais Zoé, malgré les bras qui voulaient la retenir, avait glissé du lit… et, à genoux, suppliait Madeleine et Patrice de fuir au plus vite.

— Il vous tuera tous les deux !… Vous ne savez pas !… vous ne savez pas !… Ce n’est pas de sa faute si Patrice n’est pas déjà mort !… Il le tuera comme il a tué Blondel, comme il a tué Camus !… comme il a tué Lombard… et… et un autre… un autre que vous savez bien !… C’est lui !… C’est lui qui les a tués tous !… Je t’ai menti, Madeleine, ce n’est pas Élie qui criait dans la nuit : Pitié ! Pitié ! à la maison d’homme !… c’était… c’était Balaoo !…

Délirante, elle se traînait sur les genoux et Madeleine reculait devant cette voix épouvantable, cette voix que voulait faire taire maintenant Coriolis à toute force !… à toute force !… Ah ! les poings de Coriolis sur la bouche de Zoé : « Tais-toi !… Tais-toi !… », ce râle de Coriolis… la figure de cent ans de Coriolis… et la tête de folle de Madeleine… les yeux fous… la bouche ouverte, muette d’horreur… Mais on n’arrête plus la voix de Zoé… « Il vous tuera !… comme il les a tués tous !… tous !… » Et les mains de Zoé agrippent Madeleine, la tirent dehors, la poussent dans la galerie, lui jettent un manteau : « Vous tuera ! partez ! partez ! partez !… il n’est que temps !… vous tuera ! » Zoé réclame du renfort, et maintenant les mains de Zoé, de Patrice, de Coriolis, de Gertrude, toutes les mains poussent Madeleine hors de la vieille maison…

Ils fuient, les deux jeunes mariés, ils fuient dans la