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BALAOO

mais si pénétrante que soit rôdeur de la fleur d’oranger, je ne comprends plus…

— Assez ! tu ne comprendras jamais rien !… clame l’oncle… ; continue, Zoé… Il sort de la mairie..

— Oui, il sort de la mairie et, toujours le nez en l’air, toujours bousculant les passants, il se rend à l’église… de là… sans une hésitation aucune, il prend le chemin le plus direct qui semble conduire ici… Cette fois, je le rattrape, je veux lui parler ; il me jette au pied d’un mur somme un paquet de linge sale et se met à courir… courir… Moi, je m’élance dans une voiture, pour venir vous prévenir s’il en était temps encore… quand, au coin du boulevard Saint-Germain, au lieu de prendre la rue qui mène ici, il continue son chemin… je veux voir où il va. Il continue le boulevard… continue… le nez en l’air… et brusquement s’arrête, et je le vois entrer, sans aucune hésitation, dans un établissement « très bien », le restaurant de Mouilly, je crois ; qu’est-ce qu’il allait faire là ?… Soudain, je compris… il y avait devant le trottoir toute une file de landaux et un coupé de mariage !… à partir de la mairie et de l’église, Noël avait suivi une autre fleur d’oranger !… Il tombait dans une autre noce ! Je ne sais pas ce qu’il a pu leur faire !… J’ai entendu des cris ! des cris !… J’ai vu des gens qui accouraient aux fenêtres et qui appelaient au secours, comme s’il y avait eu le feu !… Après, je ne sais plus… je me suis sauvée pour venir ici enfin… ; pour le moment… vous pouvez être tranquilles… Mais le pauvre garçon est fou !… je ne l’ai jamais vu comme ça… tremblant de la tête aux pieds, l’œil hagard… Ah ! ce qu’ils ont dû « prendre » dans la noce à côté !… »

Ainsi parla la gentille désespérée Zoé qui laissa ensuite couler librement ses larmes.