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BALAOO

tait habillée que pour ces manants, si Patrice avait été en état de penser quoi que ce fût en une minute aussi impressionnante.

Pour aller de la mairie à l’église, on prit une voiture fermée. MM. les décrotteurs suivirent dans un fiacre découvert : Coriolis commençait à faire bien les choses.

Il y eut une basse messe vite expédiée, et, les signatures données à la sacristie, les témoins payés, les nouveaux époux se trouvant en règle avec Dieu et avec les hommes, on songea à déjeuner.

Coriolis conduisit son monde dans un petit restaurant renommé des bords de l’eau qu’il avait fréquenté au temps de sa jeunesse, et où la vieille servante avait préalablement porté une valise renfermant un vêtement ordinaire de ville pour Madeleine. Des malles étaient, paraît-il, déjà à la gare.

Une inestimable sensation de paix, de tranquillité, de calme, venait de ce coin du quai peu fréquenté, et de cet antique restaurant aux clients rares. Après toutes les tribulations de cette mémorable matinée, Patrice se crut en droit de respirer. Il soupira. Il soupira de bonheur sur la main de Madeleine qu’il porta à ses lèvres, et il commençait à lui exprimer la joie qu’il ressentait d’un moment si doux quand le garçon apporta « les coquillages ».

En même temps qu’il apportait les coquillages, il annonça à ces messieurs qu’il y avait quelqu’un en bas qui les demandait et qui paraissait fort pressé de les voir. Coriolis se leva tout pâle :

— C’est Zoé ! s’écria Madeleine dans une grande agitation.

— Faites monter ! Faites monter tout de suite, ordonna Coriolis.