Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/293

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
273
BALAOO

significative aussi bien pour les singes que pour les hommes qui terminent, eux aussi, leurs mots avec les mains et les grimaces du visage) la crainte des chiens est le commencement de la sagesse. Patti Palang-Kaing met les hommes et les chiens dans le même sac. Patti Palang-Kaing dit, dans son livre de la forêt : « Ne te fie pas à leur air de bête, à leur langue pendante, à leur queue en trompette et à leur façon de se promener pour leur propre plaisir en respirant la bonne odeur de la terre. Ils travaillent pour les hommes en dessous, comme des traîtres, et te planteront carrément leurs crocs dans la gorge pour un simple « merci » d’homme.

— Patti Palang-Kaing parle des gros chiens de chasse, mais pas des petits chiens que l’on rencontre dans les cafés, fit observer Gabriel, en se grattant le bout du nez, ce qui lui valut un coup de la badine de Balaoo.

— Oh ! les petits chiens dans les cafés sur les genoux des dames sont bien embêtants aussi. Tant qu’on est dans la salle, ils ne cessent pas d’aboyer. Moi, je regarde toujours avant de m’asseoir s’il n’y a pas, quelque part, un petit chien.

Justement, ils passaient devant la Brasserie Amédée, et un petit chien, qui était sur les genoux d’une dame à la terrasse, se mit à japer furieusement.

— Sauvons-nous ! ordonna Balaoo.

Et il reprit la main de Gabriel pour l’entraîner sur l’autre trottoir ; mais le petit chien avait été plus rapide que leur fuite, et, bondissant des genoux de la dame, il avait déjà les dents aux mollets de Gabriel qui, sans patience, lui détacha un bon coup de talon sur la gueule et le tua net.

La chose fut si rapide que Balaoo n’eut pas le temps