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BALAOO

Mais je me suis méfié… et c’est lui qui est venu !… jure-moi que vous ne l’attendiez pas !… Tu n’oses pas me le jurer, hein ?… Saloperie !

À ce moment on entendit que l’on frappait à la porte. Toc ! toc ! toc ! Gertrude, qui inondait son mouchoir de ses larmes, alla ouvrir, et général Captain fit son entrée :

— As-tu bien déjeûné, Jacquot ? demanda-t-il.

— Voilà encore ce sale raseur, grogna Balaoo. Qu’est-ce que tu veux, général Captain ?

Général Captain fit entendre toute une série de sons gutturaux et rapides comme des paroles de vieille femme en colère.

— Qu’est-ce qu’il dit ? demanda Gertrude.

— Il dit, répondit Balaoo, qu’il ne comprend pas pourquoi nous ne sommes pas déjà partis. Je lui avais promis de l’emmener à Pierrefeu.

Général Captain : « Pierrefeu ! Pierrefeu ! Pierrefeu ! Pierrefeu !… »

— Il me casse les oreilles, fit Balaoo en se retournant sur sa descente de lit. Va l’attacher à son perchoir, dans la cuisine.

Général Captain, trémoussant ses ailes : « Partons ! Partons ! Partons ! »

— Ah ! en voilà assez, déclara l’anthropopithèque en lui lançant une ruade à l’assommer.

Gertrude, toujours pleurant, mit général Captain à la porte. On l’entendit, un instant, sur le palier, déverser un flot d’injures. Et puis, il descendit prudemment, en comptant les marches jusqu’à la cuisine. Et, il grimpa sur son perchoir qui était placé près de la porte et fit semblant de dormir. La vérité était qu’il observait tout ce qui se passait, car il était plus curieux qu’un concierge d’hom-