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BALAOO

la porte. Il regarda dans la rue. La nuit était claire. Il ne vit rien et en fut bien étonné. Quant aux gémissements, ils s’étaient tus. Craignant un piège, il resta prudemment sur le seuil, appela Zoé, ne reçut pas de réponse, referma bien précautionneusement sa porte et se recoucha en disant : « C’est encore une farce, il n’y a plus moyen de dormir tranquille à Saint-Martin-des-Bois ! » La tante aussi se recoucha, mais, après cette algarade, ne dormit pas. Elle resta éveillée toute la nuit.

— Oh ! fit Patrice, elle a bien dû s’endormir… sans cela elle aurait entendu !…

— Elle jure qu’elle n’a pas fermé l’œil. Et la porte de communication avec la chambre de son neveu était restée ouverte. Au matin, elle se leva, comme à son habitude et alla pousser les volets de Lombard. En se retournant, elle fut bien étonnée de ne point le voir dans son alcôve. La couverture était repliée, le lit ouvert comme si Lombard venait de se lever. Stupéfaite, elle ouvrit la porte qui donnait sur le magasin de coiffure et poussa un cri terrible : le corps du malheureux barbier se balançait au milieu de sa boutique, pendu à la lyre de cuivre qui servait à l’éclairage. On crut d’abord à un suicide, mais le docteur Honorat et le médecin légiste ont dû conclure à une strangulation qui avait précédé la pendaison.

— Oh ! à une strangulation effroyable !

— Et si soudaine que le malheureux n’avait pas eu même le temps de dire « ouf ! », sans quoi la vieille l’eût entendu. Ce qui parut tout d’abord le grand mystère, c’est la façon dont le corps avait pu être transporté dans le magasin et pendu… Il a été établi qu’aucune trace de pas ne pouvait être relevée dans le magasin qui,