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BALAOO

un antique hôtel, sur les confins du quartier des Ecoles ; c’est là qu’il avait fait transporter sa fille, sa vieille domestique, son boy et tous ses travaux sur la plante-à-pain.

Quand il fut rue de Jussieu et que la voiture l’eut déposé devant l’hôtel de son oncle, la paix du quartier lui plut. Il aurait pu se croire en province.

L’éclairage rare, le pavé sonore au pied d’un passant lointain et la solitude où il se trouvait le reportèrent par la pensée dans certaines rues de Clermont où il avait accoutumé de faire un petit tour, le soir, avant de s’aller coucher.

Il avait sonné. Ce fut Gertrude qui vint lui ouvrir. Elle ne marqua aucun étonnement, ni plaisir de le voir. Elle dit simplement avec indifférence :

— Ah ! c’est vous ! Mademoiselle va être bien contente !

— On ne m’attendait donc pas ce soir ? interrogea le jeune homme stupéfait.

— Mais si ! mais si ! répliqua la vieille servante. Votre couvert est mis.

Ils se trouvaient dans un grand vestibule froid, dallé de pierres, sur lequel descendait un vaste escalier à rampe de fer forgé. Gertrude lui montra les marches, pendant qu’une voix se faisait entendre en haut :

— C’est toi, Patrice ?

— Bien oui ! c’est moi ! répondit le jeune homme d’assez méchante humeur, bien qu’il eût reconnu la voix de sa fiancée.

Mais Madeleine descendit rapidement et se jeta dans ses bras. Patrice embrassa sa cousine qu’il trouva peu naturelle dans ses démonstrations. Elle paraissait plutôt inquiète qu’heureuse de le voir.