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BALAOO

Balaoo, qui connaît par cœur toutes les langues de la forêt, a compris tout cela qui tient dans trois mots loups. Il y a, sur les branches, un peu plus loin que la queue de Dhole, à ras de mousse, une grande paire d’yeux jaunes, larges comme des lunettes de mère-grand et, tout à côté, six petites étoiles perçantes, et, autour de cela, un grand bruit de dents qui claquent. C’est la famille Dhole qui a peur, derrière son chef.

— Nous sommes allés au Grand Hêtre de Pierrefeu, explique Dhole. Mais l’abri n’est pas sûr. Ceux de la Race qui accourent de tous les points de la forêt ne doivent pas en être bien loin. J’ai parlé à général Captain qui m’a dit que tu étais avec les Trois Frères à la clairière de Moabit ; alors j’ai pensé que tu voudrais bien parler pour nous aux Trois Frères. Jamais, les autres de la Race ne viendront jusque-là. On est bien tranquille ici, Balaoo, s’il te plaît !

Tout cela toujours en trois, ou quatre, ou cinq mots loups au maximum, et dans lesquels ceux de la Race qui ne savent que lire des livres, n’auraient entendu que des « Hack ! hack ! » où ils n’auraient rien compris du tout, naturellement.

Balaoo parlait aux Trois Frères, et il y eut une discussion sérieuse sur la conduite à tenir. Dhole était le premier éclaireur annonçant l’attaque de l’ennemi. On lui en tint compte en lui permettant de caser sa famille dans un petit coin de Moabit, avec défense cependant de mordre les mollets nus de Zoé. Dhole n’avait pas fini de s’installer que l’ami As montrait le bout inquiet de son museau. Balaoo apprit de lui que les bêtes tremblaient de peur au fond de leurs trous et que certaines n’osaient même plus y rester, du moins celles qui, comme As,