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BALAOO

reconnaît le coup de main du quadrumane. Il se retourne, très ennuyé ; Balaoo est, en effet, derrière lui :

— Tu ne m’avais pas dit, fait Balaoo qui est certainement aussi essoufflé que le docteur, que tu es d’un autre âge !

(Silence consterné du docteur.)

Balaoo. — Du moment que tu es d’un autre âge, il faut revenir !

(Silence désespéré du docteur.)

Balaoo. — Tant que tu seras d’un autre âge, on ne peut pas faire de mal à mes amis… Reviens donc vite…

(Silence comateux du docteur.)

Qui ne dit mot consent. Balaoo remporte sous son bras le docteur Honorât qui, un quart d’heure plus tard, se retrouvait au pied de son arbre, le nœud de braconnier à la patte et toute la tribu des Vautrin autour de lui, essayant de lui faire comprendre que Balaoo ne l’aurait jamais lâché s’il avait pu se douter, un instant de la valeur réelle d’un otage…

Mais le docteur Honorat ne devait plus jamais rien comprendre… Il s’était endormi du sommeil paisible de l’enfance… Le docteur Honorat était fou !…

Phoh !… Phoh !… Hack !… Hack !… Voilà l’ami Dhole aux yeux jaunes, la queue entre les jambes, claquant ses dents de loup… Hubert s’est jeté sur son fusil mais Balaoo en a rabattu le canon.

— Qu’est-ce qu’il y a, Dhole ? Tu ne pourrais pas faire taire tes dents ?

— Est-ce qu’on peut venir par ici ? demanda Dhole à Balaoo en trois mots loups. La Race arrive ! Est-ce qu’il y a de la place pour mère Dhole et les petits ! On ne sait plus où se mettre dans la forêt !