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BALAOO

beaucoup de pantalons rouges dans la plaine. Ils n’ont pas l’air de se préparer à la bataille. Tous mangent la soupe ou fument, étendus sur l’herbe, comme des vaches. J’ai vu Zoé ce matin qui m’a dit qu’elle courait à Saint-Martin. Elle y est retournée cette après-midi. Vous n’avez pas peur que ceux de votre Race lui fassent du mal ? Moi, je lui ai crié que c’était imprudent… mais elle ne m’a pas écouté. Est-ce qu’elle est revenue ? Non ?… Maintenant, voilà ce que j’ai entendu dire dans la forêt. J’ai entendu dire par As qu’on va vous attaquer de partout à la fois. As donne l’alarme à toutes les bêtes comme un froussard qu’il est. Tous les habitants de la forêt sont rentrés chez eux et se calfeutrent, se barricadent en tremblant. Moi je veille, et je vois bien que tout ça c’est des histoires de bêtes peureuses, car les pantalons rouges sont étendus sur l’herbe comme des vaches !! Tourôô ! Tourôô !…

Les frères questionnèrent Balaoo à tour de rôle sur la disposition des troupes et l’air qu’elles avaient et sur ce que faisaient les chefs et si on se remuait beaucoup du côté de Saint-Martin. Il répondit le mieux qu’il put, disant qu’il retournerait à son poste avant la tombée de la nuit et qu’on pouvait dormir tranquille ! qu’il était un peu là comme veilleur de nuit !

Puis il se tourna du côté du docteur et demanda ce qu’ils voulaient en faire ! S’ils allaient le manger ?

Les autres se mirent à rire. Balaoo répliqua sérieusement qu’il n’avait posé une question pareille que parce qu’il savait qu’ils mangeaient tout le gibier qu’ils faisaient prisonnier, et parce qu’il avait entendu As raconter que les Trois Frères avaient tué l’huissier pour le manger !

Hubert lui répondit qu’il conservait le docteur comme