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BALAOO

— Justement ! le voilà, dit Hubert, le nez vers les cimes.

Et, tous les trois, de leurs grosses voix joyeuses : Bonjour, Balaoo !… Bonjour, Balaoo !… Bonjour, Balaoo ! …

— À qui disent-ils bonjour ? se demande, flappi d’une émotion nouvelle, le docteur Honorat.

Personne n’est apparu dans la petite clairière. Les autres regardent au ciel. Honorat ne distingue rien. Il pense que les autres se moquent de lui. Est-ce qu’ils attendent une visite en aéroplane ?

— Eh bien ! Qu’est-ce qu’il attend ?… fait Hubert.

— Il a vu qu’il y avait du monde, explique Élie. Tu vois bien qu’il met ses chaussettes.

Le docteur tire ses lunettes de leur étui et les pose, de plus en plus inquiet, sur son nez en sueur. Et voilà qu’en effet, tout là-haut, entre deux branches, il aperçoit un particulier qui, commodément assis, est en train de passer une paire de chaussettes.

— Eh bien ! Balaoo, crient les Trois Frères. C’est-il pour aujourd’hui ! C’est-il pour demain !…

— Voilà, voilà, répond Balaoo de sa voix douce comme un gong.

Et le docteur Honorat, qui n’en peut croire ses yeux ni ses lunettes, voit descendre du haut, tout du haut des cimes de la forêt, comme on descend du haut d’un étage de maison, un monsieur, ma foi, très correct, à part qu’il marche sur ses chaussettes et qu’il a gardé ses chaussures sur l’épaule. Il descend de là-haut les mains dans les poches, le chapeau sur l’oreille, de branche en branche, et, tout le long du tronc, comme on a l’habitude, sans se presser, de descendre tout le long d’un escalier. Le doc-