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BALAOO

silence ! (ici un abominable juron)… Ah ! pas ça !… Taisez-vous ! Taisez-vous ! je vais les interroger !

Et, repoussant les malheureux qui l’entouraient, il se pencha contre la porte du cabaret qui donnait sur la rue Neuve et y colla son oreille après avoir frappé contre le volet trois énormes coups de poing.

— Eh là ! vous autres, hurla-t-il, qu’est-ce que vous faites ?

Le bruit cessa dehors comme il avait cessé dedans.

Le Maire reprit sa position en appelant par leurs noms les Trois Frères ; alors on entendit quelqu’un qui, dans la rue, se rapprochait du volet.

— Qui est là ? demanda le Maire.

— C’est moi, Hubert !

— C’est le Maire qui vous parle.

— Qu’est-ce qu’il y a pour votre service, monsieur Jules ?

— Qu’est-ce que vous faites là devant la porte, dans la rue et au coin de la place ?

— Nous déchargeons de la paille, monsieur le Maire, de la belle paille bien sèche qui risquait de s’abîmer dans le grenier aux Delarbre.

— Et pourquoi faire ?

— Pour vous faire flamber, monsieur le Maire, puisque vous ne voulez pas nous livrer l’Honorat !

À l’annonce de cette nouvelle et imminente catastrophe, les clameurs reprirent dans la salle du cabaret. Un geste terrible du Maire réclama le silence.

— Vous n’allez pas faire ça, Hubert !… Vous n’allez pas faire ça !… Ah ! il ne me répond pas !… Mais taisez-vous donc, vous autres !… Hubert !… Hubert !…

— Quoi, M’sieu le Maire ?