Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
BALAOO

pas que l’on frappait, cette fois, à la porte cochère, avec le lourd marteau.

Ce fut Mme Boche qui alla tendre l’oreille dans le corridor. Elle revint, les bras en l’air, et les jambes flageolantes : « Écoutez !… Écoutez !… »

Tous se turent, et, les appels du marteau s’étant tus également, chacun perçut une lointaine voix rude qui appelait M. le Maire.

Cette fois, il n’y avait plus à s’y tromper. C’était Hubert, l’aîné des trois Vautrin, qui était là ! On reconnaissait sa voix, et, comme c’était le plus terrible des trois, il y eut un recul général dans le coin le plus obscur du cabaret. Les femmes se mirent à pousser des miaulements de chattes qu’on écorche. M. le Maire, cependant que Madame le retenait par les pans de sa jaquette, se détacha du troupeau tremblant. Il dit à Roubion :

— Venez, Roubion, il faut savoir ce qu’ils veulent. Vous n’avez jamais eu d’histoire, vous, avec les Vautrin ?

— Jamais ! Jamais ! proclama Roubion, en grande hâte et avec une évidente satisfaction. Non, non, nous n’avons jamais rien eu ensemble !

— Vous n’allez pas leur ouvrir ? sanglota Mme Valentin.

— Non, dit le Maire, mais on peut toujours causer.

— On ouvrira le judas, et on verra bien ce que c’est, déclara Roubion.

— Ne leur dites pas que je suis là ! gémit le docteur Honorat, qui avait à peine la force de parler.

— Ni moi non plus !… Ni moi non plus ! firent Valentin et Sagnier.

Le Maire et Roubion, suivis de leurs femmes, se risquèrent sous la voûte de la cour.