Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
156
BALAOO

bien se douter qu’ils allaient revenir par ici !… »

Mais voici de nouveaux coups à la porte du cabaret : Pan ! Pan ! Pan !…

Tout le monde sursaute encore. Et une voix dans la rue :

— Vite ! Vite ! Ouvrez !… c’est moi, Clarice ! au nom du ciel, ouvrez !

— Le commis de Camus ! On devrait éteindre ces lumières. Ils vont tous venir ici ! s’écria Roubion.

Mais l’autre tambourinait de plus belle : « Ouvrez ! ouvrez ! »

On lui ouvrit, mais on jura qu’on n’ouvrirait plus à personne ! Celui-là était encore plus effaré que les autres, et il y avait de quoi !… Il n’avait pas vu les Trois Frères, lui ; mais il s’était heurté au cadavre de M. de Mayrentin pendu à un arbre sur la route de Riom. Ah ! on en poussa des cris ! La vengeance des Vautrin commençait !… À quoi allait-on assister, Seigneur !… Après les cris, ce fut une consternation générale, un désespoir muet… et puis cela se transforma encore, comme il fallait s’y attendre…

Comme M. le Maire réfléchissait aux tristesses de la situation sans pouvoir se résoudre à rien, il vit soudain se dresser en face de lui un spectre furieux et gesticulatoire : c’était le docteur Honorat qui lui criait, les poings sous le nez : « Tout ça, c’est de votre faute !… »

Ah ! il n’en fallait pas davantage pour donner du courage aux autres. Le notaire et le pharmacien étaient déjà sur lui : « Sûr que c’était de sa faute ! Sans lui, rien de tout cela ne serait arrivé !… Sans lui, il y avait beau temps que ces bandits eussent débarrassé le pays de leur présence ! »

Et ils faisaient un si beau bruit qu’ils n’entendirent