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BALAOO

Mlle Franchet cria : « On l’a peut-être assassiné ! »

Mais tout le monde fut dans l’instant rassuré, tout au moins sur l’existence du docteur Honorat, car on entendit sa voix rauque qui criait : « Ouvrez !… Ouvrez vite !… »

Aussitôt, M. Jules (le Maire), M. Roubion, MM. Sagnier et Valentin tirèrent de leur poche leurs revolvers qui ne les quittaient plus depuis longtemps ; et toutes ces dames, voyant sortir ces armes dangereuses, se mirent à trembler, ne pouvant plus prononcer une parole.

Seulement, Mme Roubion dit gravement : « N’ouvrez pas ! »

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Roubion qui se pencha derrière la porte.

— Mais ouvrez donc ! Ouvrez donc ! C’est moi, le docteur Honorat ! Ouvrez, Roubion !

— Vous êtes seul ? demanda encore le prudent Roubion.

— Oui ! Oui ! je suis seul, ouvrez !

— Tu ne peux pas laisser le docteur à la porte, déclara Mme Roubion, ouvre !

Aussitôt chacun recula, pendant que les brodeuses, abandonnant leur ouvrage, se montraient pleines d’angoisse sur le seuil de la porte qui faisaient communiquer la salle d’été avec le cabaret.

Roubion ouvrit la porte.

Le docteur Honorat, qui avait attaché son cheval, dont on entendait le souffle haletant, à l’anneau de la muraille se rua dans la pièce comme une trombe. Roubion avait refermé la porte au verrou, et tout le monde fut autour du docteur qui s’était laissé tomber sur une chaise. Il était d’une pâleur mortelle. Il pouvait à peine parler. Ses yeux étaient hagards. Il parvint à gémir :