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BALAOO

Goek ! Goek ! Goek ! ha ! ha ! ha ! hâââ !… hâââ ! hâââ ! Goek ! Goek !…

M. Herment de Meyrentin. — Goek ! qu’est-ce que ça veut dire ?

Balaoo (qui est de plus en plus gêné par le singulier persistant regard de ce Monsieur qui met les voleurs en prison). — Ça veut dire : Va-t’en !…

— Tiens ! fait observer M. de Meyrentin, c’est presque comme en anglais : go out !

Balaoo n’insiste pas, car il ne connaît pas l’anglais. Et M. Herment reste.

Balaoo soupire ; il n’a jamais tant souffert. Une main, tendrement, prend la sienne. Ah ! Madeleine !… Mad !… Mad !… Le cœur dans la poitrine de Balaoo fait : Boum ! Boum ! Boum !…

Ah ! voici M. Herment de Meyrentin qui se lève. Il va donc s’en aller, cette fois !… Il se décide !… Enfin ! Oui, oui. Il fait toutes ses félicitations à Coriolis… comme un mufle… comme un mufle !… Il a l’air carrément de se moquer de Balaoo et de projeter quelque chose qu’on ne sait pas… Il faut toujours se méfier de ces gens qui mettent les voleurs en prison… Et, c’est sûr, M. Herment de Meyrentin a bien tort, en tout cas, d’avoir l’air de se fiche de Balaoo, car ça pourrait encore mal tourner, cette affaire-là.

Le juge dit, avec une froideur calculée :

— Ah ! cher monsieur, toutes mes félicitations !… vous avez fait un petit d’homme. Avec la science et votre scalpel, vous égalez Dieu !

Coriolis trouve qu’il exagère et il le lui dit. M. Herment concède qu’il a exagéré et, avec un coup d’œil insolent qui montre Balaoo :