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BALAOO

toute communication avec ceux qui peuvent parler, serait une race de bêtes ![1].

M. Herment de Meyrentin. — Évidemment ! Évidemment !

Coriolis. — Je ne vous l’ai pas fait dire. — Ne te gratte pas, Balaoo ! (Honte de Balaoo qui croyait qu’on ne l’avait pas vu). Eh bien ! moi, j’ai fait le contraire de celui qui travaillerait à rendre muet ; j’ai travaillé à donner plus d’extension à un organe déjà susceptible de rendre certains sons de la parole. Ces nerfs, ces muscles, ces vaisseaux sanguins, je les ai eus, pour la gloire de ma démonstration, au bout de mes pinces. (Balaoo, qui avait été endormi lors des opérations, écoute avec un intérêt passager). Et je suis arrivé à rendre toujours possible le parallélisme nécessaire des cordes vocales de mon Balaoo ! Ouvre ta bouche, Balaoo. (Balaoo ouvre une bouche effroyable qu’on lui renverse sous la lampe et se demande quand donc cet effroyable supplice aura une fin). Voyez, cher monsieur, voyez… ici… on aperçoit encore les cicatrices…

M. Herment de Meyrentin. — Étourdissant ! Étourdissant !… Et il peut maintenant parler comme un homme !… Mais est-ce qu’il a conservé également la possibilité d’émettre les sons animaux d’autrefois.

Coriolis. — Oui, mais il lui faut un effort plus grand qu’autrefois. Parle, Balaoo, comme autrefois !

Balaoo. — (Pour se venger et pour faire une bonne farce, Balaoo parle comme autrefois, mais quand il était en colère, c’est-à-dire quand on entendait sa voix à une lieue à la ronde) :

  1. Toute cette théorie est exposée dans le livre si intéressant de Huxley, Du Singe à l’Homme.