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BALAOO

Mais la petite n’allait guère que chez Coriolis, puis rentrait chez elle. On la voyait de temps à autre avec M. Noël, le domestique de Coriolis, un grand garçon, bien tranquille, qui faisait les commissions de son maître sans s’attarder à bavarder avec les commères du village et en saluant tout le monde, bien honnêtement, dans la rue. Ce M. Noël était le seul individu qui franchît quelquefois le seuil des Vautrin, sans doute par charité pour la vieille Barbe dont on venait de condamner les fils à mort !

Or, un jour, sur la lisière de la forêt d’où il paraissait venir, M. Noël s’était rencontré avec Zoé qui sortait de chez Coriolis, et très distinctement, M. de Meyrentin, qui était dans sa petite cabane, avait entendu Zoé dire à M. Noël : « Madeleine t’attend, mon petit Balaoo ! »

Balaoo ! Bilbaoo !…

Grand éclair !… Illumination de première classe dans la cervelle embrasée de monsieur le Juge d’instruction !… Il considère que Noël a été ramené d’Extrême-Orient. Qu’y a-t-il de plus leste, de plus acrobate au monde qu’un Chinois ou un Japonais ?

Un jour, le juge fut assez heureux pour relever des empreintes de souliers de M. Noël correspondant exactement à l’empreinte de semelles découvertes par lui sur le toit de Roubion près de la cheminée, dans la suie… là où sans doute l’assassin, après son crime, allait se rechausser… et correspondant aussi, autant que possible, à l’empreinte des pas au plafond…

Il n’y avait plus à douter…

— Ah ! le Noël ! avec ses airs sournois et mélancoliques trompait bien son monde !

Coriolis devait être aussi ignorant des crimes de