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BALAOO

dare-dare. Maintenant qu’ils n’étaient plus à craindre, tout le monde se souleva contre eux et ils furent chargés de tous les crimes du département depuis dix ans (de tous les crimes qui n’avaient pas encore de propriétaires). Les assassinats de Lombard, de Camus et de Blondel leur échurent, naturellement. Et ce fut bien de leur faute, car ils se défendirent de cela avec mollesse, nullement persuadés que l’un d’eux n’était pas le coupable, et ne voulant, pour rien au monde, se charger mutuellement.

Du reste, ils eurent une attitude héroïque et cynique, se vantant des forfaits qu’ils étaient sûrs d’avoir commis, et étalant le mépris qu’ils avaient de l’humanité en général, et du Gouvernement en particulier. Ils ne pardonnaient point au Gouvernement de ne pas avoir trouvé un truchement pour les sauver de la Cour d’assises, et ils faisaient entendre que, s’ils redevenaient jamais libres, cette fois, ils ne seraient point si bêtes et qu’ils voteraient pour « Monsieur le Comte ». Aussi on les surveillait de près.

Aux assises, la question du complice fut posée. Le Procureur n’en voulait pas, le Président non plus, trouvant que tout s’expliquait très bien sans complice, et tous deux étaient d’accord avec les accusés eux-mêmes qui affirmaient n’avoir jamais eu de complice.

Mais M. de Meyrentin, lui, en voulait. Et il fit allusion à un certain Bilbao…

Patrice aussi, entendu naturellement comme témoin, prononça timidement le nom de Bilbao, sans insister, du reste, quand le Procureur lui affirma qu’il avait mal entendu ou qu’il avait rêvé.

On fit venir Zoé qui répondit, comme ses frères, que c’était la première fois qu’elle entendait ce nom-là…