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BALAOO

passe-plats de la salle de billards)… lentement, mais sûrement, elle descendit jusqu’à la gorge de Patrice comme elle était allée à la gorge de Blondel (dans le petit trou du passe-plats).

Et Patrice sentit un étau de fer à sa gorge…

Et il râla… et les yeux lui sortirent presque de la tête, de sa tête qui était tirée au niveau de la tête masquée noir…

Affreuse ! affreuse agonie pendant laquelle (oh ! bien rapidement) il put s’épouvanter encore de l’éclat fulgurant de haine que lui jetaient les deux trous d’yeux du Masque Noir…

Et il entendit (il put encore entendre cela, tout juste) il entendit, sous le masque noir, une voix qui lui demandait… (ah ! c’était bien la même voix qui avait assassiné Blondel) :

Reviendras-tu à la maison d’homme ?

Or, comme (ô joie bouillonnante de la respiration naturelle ) comme l’étau, autour de la gorge, s’était un peu desserré, Patrice put jeter tout juste un mot, un seul :

— Jamais !!…

Mais ce mot, qu’il jeta au Masque Noir, était empreint d’un tel accent de sincérité qu’il suffit à lui sauver la vie. Le terrible conducteur cessa d’étrangler Patrice (il était encore temps et les yeux voilèrent leur éclat terrible). Même il sembla à Patrice (autant que l’on peut se rendre compte d’une pareille chose dans un pareil moment), que le terrible conducteur, sous son masque, ricanait.

En tout cas, ce que vit parfaitement Patrice, c’est que le cocher démon lâcha les guides pour le saluer, lui, Patrice, bien poliment, en ôtant sa casquette (et en la remettant tout de suite).

Puis, comme la diligence longeait (en allant moins vite,