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BALAOO

Saint-Martin au Chevalet) pensaient que les Trois Frères n’avaient besoin de la complicité de personne.

Tout à coup le conducteur se rejeta en arrière, retenant ses chevaux à pleines mains. Ceux-ci paraissaient prêts à s’affoler et hennissaient :

— Oh ! Oh !… fit Michel à voix basse… attention ! « ils ne sont pas loin !… »

— Comment savez-vous ça ? interrogea Patrice qui se prit à trembler.

— Regardez mes chevaux, fit La Gaule… je ne peux plus les tenir… c’est toujours comme ça quand les autres passent aux environs… mes chevaux sentent comme ils sentiraient une bête fauve !…

Patrice, extrêmement inquiet de ce que lui disait La Gaule, se pencha au-dessus de la diligence pour voir ce qui se passait sur la route. Les groupes d’agents, étonnés des mouvements désordonnés de l’attelage, s’étaient rapprochés vivement de la voiture. Ils paraissaient impressionnés, eux aussi, comme s’ils devinaient que le moment décisif était proche et que l’attaque allait venir de la forêt… et peut-être avaient-ils vu ou entendu quelque chose…

Ils parlaient entre eux, rapidement, à voix basse. Des ordres brefs étaient échangés.

D’autres ombres dans le crépuscule surgirent en avant d’un buisson et firent entendre un léger sifflement auxquels ceux de la diligence répondirent. Patrice pensa que c’était du renfort venu du pays du Chevalet et qui avait dû surveiller les routes toute la journée.

Cette nouvelle petite troupe arriva, sans se presser, comme des paysans qui rentrent chez eux, bien qu’il n’y eût point une cabane à deux lieues à la ronde.