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BALAOO

— Comment, qu’on se conduise bien avec la pierre du Loup ?

— Avez-vous une pièce cent sous ?

— Pourquoi faire ?

— Donnez ! fit l’autre en prenant la pièce que Patrice avait sorti de sa poche.

Et il la jeta au petit gas sec qui se trouvait au milieu d’un groupe, la casquette tendue à la main. Le voyageur ramassa les cent sous sans demander d’explications et gravit le talus, à quelques pas de là. Ce talus était surmonté justement de cette énorme pierre du Loup que l’on apercevait si bien quand on arrivait au bas de la côte. Le quêteur s’accrocha à la pierre et versa dans un creux de cette pierre tout le contenu de la casquette qui rendit un son argentin, et puis il y jeta la pièce cinq francs et il redescendit.

Patrice avait assisté à l’opération sans y rien comprendre. Son regard allait de la pierre du Loup aux voyageurs et au conducteur. Michel, le voyant si intrigué, ricana de satisfaction :

— Ce que vous venez de voir là, mon jeune monsieur, c’est le denier du loup (clac ! clic ! clac ! avec le fouet) parfaitement « le denier du loup »… Clic ! clic ! clac ! pour le denier du loup !… comprenez pas ? Non ? eh bien ! quand le voyageur a donné le denier du loup, il peut être à peu près tranquille entre la Cerdogne et le Chevalet, mon jeune monsieur !… Maintenant que vous avez donné cent sous, je pourrais vous dire ( si c’était un jour ordinaire ) : « dormez sur vos deux oreilles » ! Mais aujourd’hui, c’est une autre paire de manches… on a l’histoire de la caisse, en bas, mon jeune monsieur !

Patrice demanda :