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BALAOO

— Monsieur, j’étais sur le toit !…

Et il lui conta tout, par le détail, lui rapportant ce qui était venu jusqu’à lui du « coup des deux cent mille » entrepris contre la paye des ouvriers du Montancel. M. de Meyrentin ne pouvait se retenir de manifester sa joie, sa satisfaction… « Ah ! enfin !… on allait les tenir, les Vautrin !! Pas un n’échapperait !… » Les Trois Frères et le complice ! un nommé Bilbao, avait dit Patrice. S’il ne s’était retenu à cause du sentiment qu’il ne perdait jamais tout à fait de sa dignité judiciaire, il eût embrassé Patrice. Il se contenta de lui serrer la main avec effusion… et de lui brûler la politesse. Il disparut.

Le jeune homme, un peu étonné de ce brusque départ, se fit alors servir un bol de lait chaud ; puis ce fut l’heure de la diligence.

Mais Patrice constata que celle-ci n’était guère prête à partir.

On l’avait sortie dans la cour, mais les chevaux n’y étaient point, et elle n’avait plus que trois pattes ou, pour mieux dire, trois roues : la quatrième était remplacée par un cric.

Et le jeune homme apprit des voyageurs irrités que le conducteur, Michel, venait de s’apercevoir, au dernier moment, que cette quatrième roue manquait tout à fait de solidité. Il l’avait fait transporter chez le charron qui avait déclaré qu’elle ne serait pas prête avant une heure. Patrice en fut bien désolé.

Pour tromper le temps, il essaya de revoir M. de Meyrentin, mais il apprit de Roubion que le juge s’en était allé réveiller Mme Godefroy, la receveuse des postes et télégraphes.

L’heure s’écoula au bout de laquelle les cinq voyageurs,