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qu’ils pourroient se faire faire de bonnes lectures par ces enfans, et apprendre de leurs bouches les instructions qu’on leur auroit données à l’Ecole. C’est ainsi que par un saint commerce le zele des parens procureroit la science aux enfans, et la science des enfans serviroit à l’instruction des parens. Par ce moyen, non-seulement on verroit bientôt la sagesse et la piété régner dans les familles, où l’ignorance fait régner la corruption et les désordes : mais on en banniroit encore cette extrême pauvreté qui les désole, et qui n’est souvent causée en partie que par cette affreuse ignorance.

Rien n’est plus ordinaire que de trouver dans les familles du simple peuple quantité de personnes qui ont de l’esprit, de la dextérité et d’autres talens naturels, avec lesquels ils pourroient aisement et en peu de temps, s’ils étoient cultivés, entrer dans de certaines places, où ils pourroient faire une petite fortune pour eux et pour leurs parens ; mais faute de savoir lire et écrire, ils perdent ces places et sont contraints de languir dans la misere : cela se voit tous les jours ; ce qui prouve la vérité de ce qu’on dit ordinairement, que le meilleur patrimoine que les parens puissent laisser à leurs enfarns, est une bonne éducation.

Ce qu’il y a de plus criant en ceci, c’est qu’il arrive souvent que ces pauvres enfans ont la meilleure envie du monde de s’instruire et de s’avancer : ils prient et ils conjurent leurs parens de les envoyer à l’Ecole, et ils ne peuvent obtenir cette grace. Cette cruauté ne crie-t-elle pas vengeance ? Et sans parler du compte rigoureux que Dieu fera rendre un jour de cette conduite, à ces parens dénaturés, n’est-ce pas par un châtiment secret que Dieu