Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais Grégoire, malgré la grande chaleur et la fatigue, ne voulait pas rentrer sans gibier. Ce qu’il désirait il le lui fallait. Il était évident que dans son enfance il avait été gâté par sa mère. Enfin, vers midi, nous découvrîmes un maudit marcassin, ; paff !… paff !… mais rien de tué ; la bête se réfugia dans les roseaux. C’était décidément un mauvais jour ! Nous prîmes un peu de repos et nous nous mîmes en route pour regagner la maison, nous allions côte à côte, en silence, laissant tomber nos rênes et nous étions presque arrivés à la forteresse. Quelques arbres seulement nous empêchaient de la voir, lorsque soudain un coup de feu retentit ; nous nous regardons l’un et l’autre, un même soupçon nous a traversé l’esprit. Nous galopons rapidement du côté où le coup était parti ; nous regardons : sur le rempart une foule de soldats était réunie et indiquait dans la campagne un cavalier qui semblait voler et emportait sur la selle quelque chose de blanc. Petchorin pousse un cri en circassien, enlève l’étui de son fusil et part ; je le suis.

Par bonheur, à cause de notre chasse manquée, nos chevaux n’étaient pas fatigués : Ils